Fin août 2025, le CEREGE a célébré ses 30 ans avec une semaine riche en rencontres scientifiques, échanges, expositions et festivités. Ces trois journées ont offert un reflet unique du rôle du laboratoire dans le paysage des géosciences, de son engagement pour la société et de son dynamisme interdisciplinaire.
Crédit photo : Jules Fleury et Lucas Longour
Deux jours de symposium interdisciplinaire
Le 26 et 27 août, le campus de l’Arbois du CEREGE a accueilli un symposium interdisciplinaire, réunissant chercheurs et chercheuses venus de France et de l’étranger. Cette rencontre, à la fois point de convergence et vitrine de l’excellence scientifique du laboratoire, a mêlé sessions plénières, échanges informels et moments conviviaux.
Le premier jour du symposium s’est ouvert par un discours de Lucilla Benedetti, directrice actuelle du CEREGE. Elle y a exposé sa vision pour l’avenir du laboratoire, en soulignant l’importance que cette orientation s’inscrive dans la continuité de ses trente années d’existence. Dans la foulée, Édouard Bard a proposé une rétrospective historique retraçant la genèse du CEREGE, depuis ses origines jusqu’à son installation dans les murs d’un ancien sanatorium. Ensemble, ces interventions ont posé un cadre à la fois mémoriel et prospectif, rappelant l’identité forgée au fil des décennies tout en ouvrant sur les horizons à venir.
Les sessions scientifiques ont ensuite permis de revisiter quelques-unes des grandes questions de la géoscience contemporaine : la compréhension de la Critical Zone, le calibrage des modèles climatiques à partir de données paléoclimatiques, le rôle des sols dans l’adaptation au changement climatique, ou encore l’étude des sédiments anciens et de l’ADN sédimentaire. Parmi les intervenant·es marquants de cette première journée figuraient Jérôme Gaillardet, Myriam Khodri, Claire Chenu, Mark Wiesner, Stéphane Calmant et Ana Prohaska.
Le deuxième jour, l’attention s’est déplacée vers d’autres champs de recherche, de l’océan aux paysages, en passant par la paléoanthropologie et même l’exploration spatiale. Laurent Bopp, Rosalind Rickaby, Allistair Seddon, Bruno Maureille, Carole Petit, Joerg Schaefer, Mioara Mandea et Sanjeev Gupta ont partagé leurs perspectives sur la biogéochimie marine, l’évolution des paysages, les interactions entre climat et glaciers, la dynamique du champ magnétique terrestre et l’aventure martienne.
Chaque session a ainsi été l’occasion d’un double mouvement : d’un côté, un approfondissement scientifique rigoureux ; de l’autre, une ouverture interdisciplinaire, qui a donné corps à l’idée que la recherche ne peut se penser isolément. Les grands enjeux environnementaux appellent des regards croisés et des démarches collectives, ce que ce symposium a incarné avec force.
Vous n’avez pas pu assister au symposium, ou vous souhaitez en revivre les temps forts ?
Bonne nouvelle : l’intégralité des sessions a été filmée et sera mise en ligne courant septembre sur YouTube.
La commémoration officielle : dialogue, engagement et perspectives
Le 29 août, partenaires institutionnels, tutelles, élus et acteurs locaux ont célébré officiellement les 30 ans du laboratoire. La matinée a commencé par des discours officiels de Lucilla Benedetti et Daniel Nahon, Arnaud Mercier (Métropole Aix-Marseille) et des représentants des cinq tutelles. Daniel Nahon a marqué les esprits avec sa phrase : « Penser en scientifique et agir en citoyen », rappelant que la recherche s’inscrit dans une responsabilité collective et sociétale.
La table ronde « Paroles de science(s) : quelles recherches pour affronter les crises et penser l’avenir ? », animée par Maud Devès et réunissant Nathalie Blanc, Claudie Haigneré, Alexis Licht et Nicolas Roche, a prolongé cette réflexion. Elle a interrogé le rôle des sciences dans un monde traversé par des crises multiples. Plus largement, les échanges ont mis en évidence que la transition écologique ne se vit pas de la même manière selon les groupes sociaux, et que l’action scientifique doit tenir compte de cette diversité de réalités et de capacités d’engagement.
En clôture, la fresque murale « Space & Time » de Hitnes a été inaugurée lors du cocktail. Monumentale par ses 124 m², cette œuvre désormais permanente symbolise les échelles spatiales et temporelles sur lesquels portent les recherches du CEREGE.
Expositions et engagements scientifiques
Tout au long des célébrations, deux expositions sont venues enrichir la découverte du CEREGE.
- La première, une frise chronologique conçue sous la direction de Bruno Hamelin, retrace 30 ans de recherches et d’innovations et restera désormais visible en permanence au laboratoire.
- La seconde mettait à l’honneur les doctorants, qui ont présenté leurs travaux sous forme d’affiches détournant les codes du cinéma, mêlant humour et sciences.
Ces dispositifs illustrent la place centrale accordée à la valorisation de la recherche, à la transmission des savoirs et à la mise en lumière des jeunes scientifiques — véritables forces vives et avenir du CEREGE.
Vers l’avenir : science et société
Depuis 1995, le CEREGE développe une recherche de pointe sur les grands enjeux environnementaux : climat, eau, ressources, pollutions, risques naturels et matériaux critiques. Rattaché à Aix-Marseille Université, au CNRS, à l’IRD, à INRAE et au Collège de France, le laboratoire rassemble aujourd’hui plus de 200 membres et bénéficie d’un rayonnement national et international.
Ces 30 ans ont été l’occasion de célébrer une , mais aussi de rappeler que la recherche est un engagement : préparer l’avenir avec et pour la société, répondre aux crises environnementales, nourrir les débats et former les scientifiques de demain.