Centre de recherche et d’enseignement
des géosciences de l’environnement
Centre de recherche et d’enseignement
des géosciences de l’environnement

Terres rares : comment réduire la dépendance de la France à ces métaux stratégiques ?

Le 14 novembre 2025, le CNRS a publié une expertise collective sur les terres rares. Clément Levard, directeur de recherche au CEREGE, explique pourquoi ces métaux essentiels à la transition énergétique sont au cœur des enjeux de souveraineté et comment l’Europe pourrait sécuriser son approvisionnement.

Les terres rares, piliers de la transition énergétique et du quotidien

Les terres rares regroupent 17 éléments chimiques aux propriétés uniques – optiques, magnétiques et catalytiques – indispensables aux technologies modernes. Elles équipent les voitures électriques et hybrides, les éoliennes, mais aussi nos smartphones, écrans ou ampoules. Selon Clément Levard, la demande mondiale double tous les six ans, reflétant leur rôle crucial dans la transition énergétique. Pourtant, leur extraction est complexe : elles sont toujours associées dans des minerais, nécessitant des procédés énergivores et polluants, générant des déchets radioactifs et des impacts sociaux considérables. La France ne dispose d’aucun gisement exploitable, et l’Europe reste très dépendante de la Chine, qui contrôle la majorité de la production et du raffinage mondial.

© Vlad / Unsplash

Réduire, recycler, produire autrement : les leviers européens

Face à ce monopole chinois, l’expertise collective portée par le CNRS identifie trois pistes pour renforcer la souveraineté européenne : réduire la consommation, recycler les terres rares et développer une extraction plus responsable. La substitution technologique est parfois possible : optimiser les moteurs de véhicules électriques peut diminuer l’usage d’aimants permanents. La sobriété des usages – autopartage, augmentation du nombre de passagers – est également une piste explorée. Le recyclage offre un fort potentiel, mais reste limité par la dispersion des terres rares dans les objets et par la faible rentabilité économique. Actuellement, moins de 1 % des terres rares sont recyclées, malgré des initiatives prometteuses comme la start-up MagREEsource à Grenoble

Les défis sociaux et environnementaux des nouvelles sources

L’exploration de nouveaux gisements, en Europe ou dans les fonds marins français, soulève des questions techniques, économiques et environnementales. Pascale Ricard, souligne que la relocalisation des mines nécessite un débat démocratique et une prise en compte des impacts sociaux et environnementaux. Les alternatives incluent les ressources secondaires issues de déchets industriels, mais elles sont moins concentrées que les sources primaires. Ainsi,  la solution réside dans une approche holistique : « réduire, recycler et produire autrement ». La France et l’Europe doivent combiner ces stratégies pour sécuriser les approvisionnements, tout en limitant l’impact environnemental et social.

Les terres rares ne sont pas seulement des métaux stratégiques : elles façonnent notre quotidien et notre transition énergétique. Leur extraction, leur utilisation et leur recyclage posent des défis scientifiques, industriels et sociétaux majeurs. Selon Clément Levard, seule une combinaison de sobriété, de recyclage et de production responsable pourra réduire la dépendance française et européenne à ces éléments indispensables à l’avenir technologique et énergétique.